Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.

Lycéens - le 24 février 2010, Tunceli, Turquie

En février 2010, Olivier partit, au moment des vacances d'hiver de SPEOS, en Turquie. Il commença son séjour par la ville de Tunceli, dans le Kurdistan turc.

En début de matinée, ce 24 février, il est revenu vers une cité où, la veille, il avait photographié des lycéens sur le pas d'une porte (une de ces images avait été publiée le 18 novembre 2019). Il faisait très beau, contrairement à la veille. Il rencontra un petit groupe de collégiens. Il les photographia les uns après les autres et puis prit deux photos de groupe.

Les cinq images choisies sont presque identiquement cadrées. Le visage est au centre, net. Le fond flou peut à peine être distingué. Le ciel se reconnait dans le haut. La luminosité étant telle, en plein soleil, qu'Olivier n'a pu obtenir une profondeur de champ très réduite comme à son habitude. Toutes les photographies ont été prises au 5 000e de seconde. De ces cinq portraits, seul le premier se distingue un peu, avec une prise du visage un peu de profil : peut-être Olivier, ou son modèle, a-t-il voulu atténuer la légère ecchymose sous l'œil gauche du garçon, au demeurant très beau et un peu mutin.

Cette série de portraits correspond à une part importante du travail d'Olivier. Ce type d'image est celui qu'il a le plus pratiqué en matière de portraits. Mais ici, contrairement à la majorité, elles sont plus claires, plus rayonnantes. C'est souvent un visage clair sur un fond sombre. Ici, il n'a pu atteindre ce contraste. C'est une atmosphère apaisée, de complicité qui s'en dégage, étrangère à la mélancolie habituelle de la majorité des visages qu'il a fixés dans son appareil.

Il s'agit de la première fois que j'ai renoncé à une photographie unique comme choix de « l'image de la semaine » (et ce ne sont pas deux mais cinq). J'aurais objectivement pu choisir la photographie de groupe et mettre les cinq portraits en complément. Mais là, je pense être fidèle à l'esprit d'Olivier pour qui ce type de portrait de visage était très important. Et puis, j'ai aussi laissé parler ma sensibilité, très touchée par ces jeunes gens qui ont aussi consacré de leur temps à ce photographe qui leur était inconnu.

Ces cinq photographies ont été suivies de deux portraits de groupe. En voici le premier.

 

Le groupe s'est complété d'un sixième garçon se tenant à l'arrière. Le lycéen au centre brandit deux équerres comme des pistolets. Tous ces garçons sont habillés de manière identique, chemise bleu clair, blazer bleu foncé, pantalon gris, cravate bleue rayée du nom du lycée, un imperméable beige pour deux d'entre eux. Les garçons se tiennent à gauche de l'image. Comme à son habitude, Olivier décentre le sujet. Et comme caractéristique de toute sa production, il y a l'importance du ciel, du premier plan insignifiant, de la ligne horizontale centrale.

Aucune de ces photographies n'a été notée. Or, dans toutes celles qui ont été prises ce jour, quelques unes sont notées, voire très bien notées (deux photographies avec la note 5, maximale). Cela m'a fait hésiter à les choisir, puisque Olivier avait clairement identifié d'autres comme bien meilleures. Peut-être, à ce moment, était-il beaucoup plus attiré par les côtés sombres, tristes et mélancoliques que ces images ne pouvaient rendre tant leur luminosité - au sens propre, en plein soleil - et le caractère rayonnant des visages de ces jeunes gens étaient grands. Mais c'est aussi justement cela que j'ai aussi voulu montrer de son travail, car il a prit le temps de cadrer, de composer ces photographies, malgré cet astre solaire de plomb, gènant y compris les jeunes gens.

Toutes ces images pourraient participer à un nouveau catalogue spécifique sur cette petite ville du Kurdistan turc, rebelle et que la Turquie a particulièrement visée dans la répression de tous ses opposants, ou à un autre catalogue thématique sur l'éducation, thème très présent dans l'œuvre d'Olivier. Tous ces portraits pourraient aussi être intégrés à une nouvelle exposition Portraits du Kurdistan.

Image du 26 avril 2021 - semaine 17 de 2021.

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