Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.

 

Carrefour - le 20 juin 2011, Azraq ?, Jordanie

En juin 2011, Olivier partit en Jordanie pour un séjour de deux semaines. Il ne documenta pas ce voyage, ne ramenant que de nombreuses photographies, en très grande majorité des portraits - largement plus de 90 %. Où était-il ce 20 juin 2011 ? Je ne le sais : j'ai reconnu Azraq dans deux images prises cinq jours plus tôt et Amman le premier jour de ce voyage. Je suppose qu'il s'agit d'Azraq, par l'absence de forte agglomération mais ce pourrait être aussi la banlieue d'Amman, ou ailleurs en Jordanie. Il est resté tout ce séjour dans des ateliers de réparation automobiles semblables à ceux qu'ils avait assez abondamment photographiés l'année précédente à Azraq, mais je n'en ai reconnu aucun.

Après avoir pris plus de deux cents portraits des ouvriers mécaniciens dans la matinée, il fit six dernières photographies avant de rentrer dans son hôtel en début d'après midi - il devait faire très chaud cette seconde quinzaine de juin - dans un carrefour en face d'un ferrailleur automobile. Il s'agit ici de la troisième prise.

L'image est partagée en deux : la moitié inférieure avec la route au goudron visiblement déjà ramolli par la chaleur, un mur surmonté de barbelés et un bâtiment de parpaings bruts avec des véhicules empilés et un camion devant, la moitié supérieure avec un ciel uniformément bleu parcouru par des pylônes et câbles électriques. Au centre de l'image, un poteau, probablement d'éclairage, porte un affiche orientée trop perpendiculairement à la prise de vue pour être lisible. Trois plantes se sont installées dans le centre du petit terre-plein central du carrefour. Un feu d'ordures déposées contre le mur a laissé des traces noires sur celui-ci. 

Cette scène est assez typique des photographies de paysages d'Olivier, avec l'importance du ciel, de plans insignifiants. Mais on retrouve surtout cette présence humaine - sans aucun être humain sur l'image - qui s'est dégradée, se traduisant par les déchets, les rebuts - ici les automobiles entassées -, les lignes électriques et les pylônes, les routes. Ce thème est constant chez Olivier. Il y a aussi ce coté mystérieux de l'absence de repères temporels et géographiques : hormis le texte que l'on devine en écriture arabe sur l'affiche, le lieu est indéfinissable. Et comme toujours, Olivier par la composition de ses photographies, cultive le paradoxe de réunir tant d'éléments qui ne sont pas « beaux » au sens de l'esthétique occidentale - les déchets, les fils électriques, les pylônes, les restes de véhicules -  rejetant toute représentation de la nature hors marque humaine, mais conduisant à une image illustrant une attachante humanité, de faiblesse et d'insuffisance sous un soleil de plomb.

Des six photographies prises de cet endroit, cette troisième est précédée de deux autres, qui ne varient que par leur cadrage. Voici la suivante de cette petite série.

Olivier s'est dirigé vers la gauche et a longé le mur. Il a pris cette vue où apparaît maintenant le sommet d'un réservoir. Cette image est encore plus typique d'Olivier et aurait pu être choisie comme image de la semaine, pour son dépouillement, son thème de la dégradation encore plus accentué avec les déchets accrochés aux babelés, l'absence totale cette fois de vie : pas une plante, pas un animal, pas un homme.

Olivier a continué en longeant le mur et rejoignant les ateliers de réparation : on retrouve les carcasses entassées, un véhicule sans roue, les déchets. Le haut du réservoir est le point de repère par rapport à l'image précédente. Elle aussi aurait pu être choisie.

Toutes les images de ce séjour n'ont fait l'objet d'aucune indication de la part d'Olivier. L'ensemble est surtout remarquable par la qualité des portraits qu'il me faudra diffuser. Mais j'ai fait le choix de montrer cet environnement hors conventions esthétiques occidentales pour commencer nouvelle année et qui correspond à cet état de tristesse ambiguë de l'année qui vient de se terminer et probablement de celle qui commence, la dégradation humaine sous un ciel bleu.

Cette photographie pourrait paraître dans un catalogue spécifique sur la Jordanie ou les ateliers automobiles ou simplement sur la route et ses hommes.

Image du 1er janvier 2024 - semaine 1 de 2024.

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