Chaque semaine, une image parmi les 55 000 prises par Olivier Prévôt a été publiée sur ce site afin d'illustrer la diversité de ses intérêts, des personnes qu'il a rencontrées et des lieux qu'il a parcourus.

Jeune homme - le 15 novembre 2010, Doğubayazıt, Kurdistan de Turquie

En novembre 2010, Olivier partit pour l'extrême Est de la Turquie et passa toute la fin de son séjour à Doğubayazıt.

Ce 15 novembre, il partit très tôt pour un marché aux bestiaux. Il photographia abondamment les éleveurs et les animaux. En particulier, il prit toute une série de portraits contre le mur d'une maison (j'ai pu trouver l'endroit de la prise). Parmi cette série, il a pris deux portraits d'un éleveur de bestiaux du marché.

Le jeune homme est contre le mur en crépis gris, en bon état. Il a les deux mains dans les poches de son pantalon bleu lessivé. Elles sont noircies par le travail dans la boue. Il porte un pull épais, côtelé, blanc assez sale. Tout au bas de l'image, apparait le haut de ses bottes (je le suppose, car toutes les personnes photographiées cette matinée étaient bottées). Il regarde Olivier. Je ne saurais trop définir ce regard où je décerne un mélange de crainte et d'interrogation, peut-être aussi une réaction de défense, sans hostilité toutefois. L'image est prise verticalement, le visage du jeune homme est au tiers supérieur et centré sur la largeur de la photographie.

Ce portrait est un peu différent de ceux qu'Olivier produit habituellement, soit pour une bonne partie de ceux-ci, en prenant plus de recul et mettant le sujet en situation avec un décentrement, soit en cadrant uniquement sur le visage. Ici, c'est un cadrage intermédiaire, beaucoup plus traditionnel pour un portrait. Probablement, Olivier commençait à se détacher du style qu'il avait adopté à l'école de photographie SPEOS, revenant à des partis plus mesurés, moins extrêmes surtout pour le cadrage - c'est le cas de beaucoup de portraits très nombreux de cette journée -. On retrouve aussi le thème du travail, omniprésent dans toute son œuvre, bien qu'il soit discret ici, visible par les tâches sur ses vêtements et la coloration de ses mains. Olivier a toujours montré comment les hommes peuvent être affectés par le travail.

Olivier n'a pris que deux vues de cette personne. Celle ci-dessus est la deuxième. Voici la première qu'il a prise, douze secondes auparavant.

Le cadrage place le visage un peu plus bas, sans toutefois le centrer totalement. Olivier l'a prise aussi avec plus de recul. Mais la pose du jeune homme est identique.

Olivier a noté de manière identique les deux photographies, avec la meilleure note de la journée mais six autres images sont aussi aussi bien notées, ce qui est très rare dans son travail, envers lequel il était plutôt sévère. J'ai préféré le deuxième portrait pour en faire l'image de la semaine car il me semble mieux restituer le jeune homme, que l'on peut voir de plus près et plus intégralement.

Je n'ai pas encore utilisé des photographies de cette journée sur ce site, mais une, prise de nuit, a été publiée dans le catalogue Dans la nuit kurde

Cette photographie avec d'autres pourrait figurer dans un catalogue spécifique sur le marché aux bestiaux de Doğubayazıt - qu'il a moins fréquenté que celui d'Ağrı -, ou sur la ville de Doğubayazıt. Elle pourrait aussi faire partie d'une nouvelle exposition de Portraits du Kurdistan.

Image du 15 mai 2023 - semaine 20 de 2023.

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